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Les marchés financiers sous le regard chrétien


samedi 17 décembre 2011









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Activité bancaire et financière

Fondée sur la confiance, la finance joue un rôle clef dans le fonctionnement de l’économie et plus généralement de la société. C’est donc une activité exigeant un degré élevé de responsabilisation et des règles strictes.

Depuis 2008 la communauté internationale a donné une forte priorité aux règles prudentielles et notamment aux fonds propres. Cette exigence en soi justifiée peut avoir des effets négatifs non négligeables. Mais surtout ce ne peut être la seule réponse, car il est essentiel que l’activité financière justifie la confiance mise en elle par la société. Et donc que son activité soit en phase avec elle, dans les deux grands domaines des marchés financiers et du crédit.

Marchés financiers

Le rôle social et la seule justification de la finance sont d’être au service de l’économie, pour en assurer le financement dans les meilleures conditions possibles en rapprochant investisseurs et entrepreneurs sur une base claire et transparente. Cela permet aux seconds d’apporter leurs fonds aux premiers avec la meilleure adéquation possible entre ressources et emplois, tout en assurant le suivi de ces investissements en termes de liquidité et de valorisation.

L’outil principal pour ce faire est le marché. De vrais marchés financiers sont des lieux de confrontation transparente entre investisseurs et entrepreneurs, ni plus ni moins. Mais force est de constater que les marchés s’en sont en grande partie éloignés. Trop souvent opaques et fragmentés, peu lisibles, et dominés par des intervenants puissants, ils n’ont souvent pas su donner de référence de prix fiable, ni éliminer les innovations toxiques ou dangereuses, ni orienté les priorités au-delà du profit immédiat.

Le marché ne s’organise pas tout seul. L’expérience a montré que le marché a besoin de règles du jeu strictes pour fonctionner au mieux et dans l’intérêt bien compris de ses participants. Elle a montré aussi que les résultats du marché dépendent directement des motivations de ces participants et notamment des investisseurs, dont la responsabilité ne s’arrête pas au profit qu’ils en attendent.

Après la crise de 2008, le G 20 s’est utilement préoccupé d’apporter des réformes à l’organisation des marchés. Cet effort doit être poursuivi. Il est toutefois resté en deçà ce que qu’il faudrait, en particulier pour assurer aux marchés le degré d’intégrité, de transparence et d’adéquation aux besoins de l’économie qu’on peut légitimement en attendre. Il est donc impératif que le G 20 et les organismes internationaux qui en dépendent reprennent l’initiative pour mettre en œuvre une réforme plus profonde, incluant notamment les points suivants :

  Instauration d’une règle générale de transparence des transactions, des ordres et des prix et d’égal accès des tous les investisseurs ; réorganisation des marchés en cohérence avec ce principe ;
  Primat donné à la recherche d’un prix aussi juste que possible au vu des données disponibles (et élimination des stratégies électroniques, trading haute fréquence, etc.)
  Autorisation préalable des innovations financières significatives afin d’en analyser les conséquences et les risques (examen commençant par les CDS, ETF et autres produits à fonction largement spéculative) ;
  Examen des profits du secteur financier apparaissant anormaux au vu du service réellement assuré et notamment s’ils restent élevés sur la durée.
  Avantage à donner à la détention longue des titres (droits de vote, statut fiscal etc.), à l’investissement responsable, et aux investissements en fonds propres par rapport à l’endettement.

Les mêmes principes doivent s’appliquer aux marchés de matières premières, (dérivés mais surtout marchés physiques), encore plus éloignés de ces exigences de transparence, de clarté et de non-manipulation.

Endettement et crédit

La crise financière de 2008 et la crise souveraine de 2011 ont un point majeur en commun : elles concernent tous deux des dettes, qui sont plus largement à l’origine de la plupart des crises financières. Tout endettement présente des risques collectifs importants, car il est fondé sur le principe du remboursement obligatoire et peut donc mettre dans de grandes difficultés tant l’emprunteur (s’il doit faire face à des difficultés), et le prêteur (si sa confiance a été mal placée), avec des effets en chaîne difficilement contrôlables. L’endettement doit donc être contrôlé et limité aux cas où le remboursement apparaît sûr et compatible avec l’activité financée.

L’endettement public est dans cette optique le plus contestable. Il consiste pour une génération à vivre à crédit aux dépens de la génération qui la suit. C’est ce que l’on observe dans le monde développé depuis 1980. Mais vient un moment où le niveau est jugé excessif par les marchés, non sans motif ; alors la solution de facilité se transforme en lourd fardeau traîné sur la longue durée. En dehors des projets capables d’assurer le remboursement de la dette, et hors circonstances exceptionnelles comme les guerres, cet endettement devrait donc être banni.

Le crédit aux particuliers doit lui-même être soumis à des règles assurant une certitude raisonnable de remboursement, notamment la considération des revenus disponibles sur la durée et pas seulement la valeur des biens financés par le crédit en question. Des mécanismes de sortie du surendettement doivent être prévus.

Don

Les mécanismes d’investissement en fonds propres et le crédit ne peuvent suffire à assurer les besoins financiers de la société. Le don, et plus généralement la fourniture de moyens sans contrepartie équivalente, apparaît alors comme un rouage indispensable et non pas comme un luxe. Dans une économie décentralisée, fondée sur les personnes, leur responsabilité et leur initiative, cela ne peut être assuré principalement ou exclusivement par l’Etat ou la sphère publique (dans ce qu’on appelle redistribution). Il est donc essentiel que l’initiative privée soit encouragée activement en la matière. Soit sous la forme du don pur. Soit par participation à des activités économiques mixtes, ou même commerciales, prenant en compte d’autres considérations que le pur échange et le retour stipulé à l’avance. Il en va de la reconstruction du tissu social dans une société dont la solidarité ne soit pas que bureaucratique.

Note Je prévois de publier au printemps prochain un livre plus détaillé sur ce sujet, enrichi d’une perspective historique.


















































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