Le TTIP ou Tafta, traité de libre-échange entre l’Europe et les Etats-Unis, est bien discret. Un treizième round a commencé le 25 avril. Mais la négociation est secrète et cette opacité inquiète. Consommateurs, salariés, agriculteurs, l’inquiétude est grande.
A vrai dire on se demande l’intérêt d’une mécanique aussi lourde, pour des résultats a priori modestes. Mais le plus important n’est pas là. Il est dans le principe.
Le libre-échange est plutôt une bonne chose en général. Mais la capacité d’une communauté comme la nation de faire ses choix et de défendre le genre de vie et les orientations qu’elle souhaite est plus fondamentale encore. Loin donc de répéter au niveau transatlantique les errements bruxellois, c’est l’Europe elle-même qui devrait desserrer son emprise sur les communautés qui la constituent.
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[Ce texte est de 2010. Il garde hélas toute sa valeur en 2016, après un quinquennat perdu.]
Au-delà des perspectives politiques immédiates, ce qui frappe dans la classe politique en général et en premier lieu chez le président est l’absence d’analyse structurelle de la société et des causes profondes de déséquilibre, d’où résulte l’incapacité à définir un projet réellement mobilisateur.
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Ce qui est extraordinaire dans la négociation qui vient de se conclure à Bruxelles pour prévenir le Brexit (la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne), c’est que tout cela a été construit comme une exception purement britannique.
Or il est notoire que de nombreux autres pays ne souhaitent pas une union toujours plus étroite, ne participent pas à Schengen ou à la zone euro, et que les opinions publiques, même dans les pays les plus engagés, sont pour le moins divisées sur cette perspective.
Pourquoi donc limiter l’exception aux Britanniques et imposer aux 27 autres pays une mécanique folle sans marche arrière ? C’est tout le système qu’il faut revoir.
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Qui ne voudrait une vie collective et notamment une économie plus juste dans le monde d’aujourd’hui ?
Il faut pour cela bien sûr d’abord définir ce qu’est un ordre plus juste - ce que cela implique, notamment d’exigences éthiques et de solidarité. Cela remet d’ailleurs en question bien des idées reçues : la justice n’est pas toujours ce qu’on en dit.
Mais le défi le plus redoutable est ce monde d’aujourd’hui lui-même : hétérogène et instable, son évolution n’est pas contrôlée et peut aller dans tous les sens - alors même que les réglementations se font toujours plus pesantes.
Nous vivons en Europe dans l’illusion d’un destin stable et contrôlé ; or nous sommes dans un contexte de faible maîtrise de notre destin collectif. Et pourtant il faut quand même assurer une forme de solidarité, ainsi que le respect de justes règles de comportements – ils sont tous deux plus que jamais nécessaire. S’adapter à un tel environnement et y trouver les voies de la justice suppose donc de revoir en profondeur nos repères collectifs.
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Voir aussi : "Economie - finance : oui on peut changer les choses" Interview Ichtus avec G. de Prémare, en ligne le 17 octobre 2015 https://www.youtube.com/watch?v=J1B...
On brandit le risque du communautarisme et on a raison. De fait dans nos pays toute une partie de la population ne s’identifie plus à la communauté nationale et privilégie ses références d’origine, quitte bien sûr à profiter des droits associés à la nationalité française.
Une telle situation n’est pas compatible à terme avec le maintien d’une communauté, et notamment en l’espèce avec un système démocratique, lequel suppose qu’on s’identifie au peuple qui vote et détermine la majorité. S’identifier suppose de former avec lui une communauté de destin - ce qui suppose à son tour un patrimoine de références commun et un engagement dans la communauté nationale. Ce n’est désormais plus un fait acquis, allant de soi.
Une telle situation est profondément nouvelle et demande une révision en profondeur de notre conception de la nationalité.
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D’un point de vue moral ou même simplement humain, la situation internationale actuelle est consternante. Ukraine, Syrie, Iraq, Gaza, la liste des déconvenues et des horreurs face auxquelles on a un sentiment irrésistible d’impuissance, est bien longue.
Pour l’améliorer, un recours plus large au droit est-il la bonne réponse, comme beaucoup le pensent, avec les meilleures intentions du monde ? La réponse est malheureusement dubitative, ce qu’on appelle droit étant en la matière trop souvent soit incertain, soit manipulé idéologiquement.
Cela ne veut pas dire qu’il faut renoncer à la recherche de la paix ; mais cela veut dire la chercher autrement : non pas en tablant sur les ressources faciles mais contre-productives de l’idéologie, mais en prenant les situations pragmatiquement.
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Une nation est une communauté de destin. La solidarité qu’elle implique est un élément essentiel pour ses membres, dont elle est un horizon d’appartenance, de sens et aussi de sécurité essentiel.
Mais ce sens de la communauté de destin s’érode rapidement en Europe, et de façon particulièrement préoccupante en France, du moins au niveau public et visible. Notamment si on prend conscience de notre situation de crise larvée, appelée à de nouvelles secousses un jour ou l’autre compte tenu des déséquilibres du système mondial.
On ne fonde pas la solidité d’une société sur la seule économie, de toute façon trop fluctuante, trop vulnérable à la conjoncture. Ni sa capacité à résister aux crises. Il faut des références communes fondatrices, et notamment ce sentiment vécu d’une communauté de destin que donne la nation, ainsi que les communautés de base, à commencer par la famille.
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Pourquoi des manifs pour la vie ou le mariage, et pas sur autre chose, du social par exemple ? Le reproche surgit régulièrement : vous faites des manifs sur les sujets de société comme le mariage ou la protection de la vie, l’avortement, l’euthanasie… mais pas du tout sur les sujets sociaux ou économiques, pourtant tout aussi importants – et sur lesquels insiste la Doctrine sociale de l’Eglise.
L’objection est sérieuse et mérite examen.
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Nous comprenons chaque jour plus que nous vivons sous un régime politique capable de prendre des décisions destructrices : des décisions qui peuvent rendre la société de plus en plus contraire à la morale, la morale la plus élémentaire des sociétés humaines telles que nous les connaissons depuis des siècles, notamment dans les sociétés éclairées par le christianisme. Que faire alors ?
Chez certains le raisonnement est radical : le régime n’est plus moralement légitime, passons à l’action directe, pour le moins à la dissidence. Mais ce n’est pas la bonne approche. Outre ses faibles chances de succès, ce n’est pas la voie que recommande la pensée politique classique. Car il y a un bien essentiel dans le fait de la vie commune et dans la paix, et seules de très fortes raisons peuvent conduire à prendre le risque de les briser.
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Notre vie politique patine et devient chaque jour plus stérile. La solution à tous les dilemmes sociaux depuis 40 ans, c’était la croissance. Quand il y en a eu moins ce fut la fuite en avant de la dette publique, avec tous ses risques. Or maintenant cela ne marche plus : il y aura peu de croissance, et elle sera spontanément très inégale ; quant au crédit on a trop tiré sur la corde, c’est fini. Il faut donc manifestement changer d’orientation et proposer autre chose au peuple français. Et pour cela regarder la réalité en face.
Une des dimensions les plus stériles du débat actuel est l’opposition entre les partisans de la compétition et de la rigueur, qui sont comprises comme réduction massive de la solidarité, et les partisans d’une forme de moralité se voulant solidaire, comprise comme maintien ou renforcement du système social et étatique actuel. Cette opposition est stérile. En réalité il faut repenser ces deux termes pour les combiner autrement, et cela tant en termes d’efficacité que de vraie moralité. Pour cela je propose les points de repère suivants. Suite…