Il y a une vision fausse très répandue, qui dépeint le rôle de la tradition dans les sociétés anciennes, comme un diktat, un impératif arbitraire et étouffant imposé du dehors aux personnes.
Cela peut arriver. Mais généraliser cette description est insuffisant ou faux, tant pour décrire ces sociétés que pour comprendre ce qu’est une tradition. Car une tradition ne se comprend pas sans reconnaître son double rôle, de régulation de la société sur la base de l’expérience acquise, et de constitution même de cette société, par le rapprochement des personnes autour de réalités communes.
L’exemple par les courses camarguaises.
Mais nos sociétés prennent le chemin inverse.
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Comme les Français commencent de le percevoir, la dette française entre dans une zone de turbulence. La France doit chaque année emprunter des sommes sans cesse plus élevées, du fait d’un déficit bien supérieur à la croissance de l’économie. Il tombe sous le sens que ce petit jeu ne peut durer indéfiniment, d’autant qu’il contraste avec l’évolution des autres pays européens.
En Europe, désormais, le maillon faible, c’est la France. Mais elle ne l’a pas encore compris, ni le changement radical que cela implique.
Nous retrouvons ici une forme de « politique d’abord » : sur ce plan comme sur d’autres, la France ne s’en sortira pas sans une mutation politique majeure.
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La dernière encyclique du pape François, Dilexit nos est consacrée à un sujet qui a surpris beaucoup de gens : la dévotion au Sacré Cœur de Jésus. Elle contient à ce titre un message à la fois essentiel et profondément émouvant.
Il paraît cependant suggestif d’évoquer un aspect particulier qui sous-tend ce texte : l’anthropologie. Celle proposée dans Dilexit nos mérite un examen spécifique, notamment du fait qu’elle s’éloigne sur plusieurs points de la conception classique, notamment par sa survalorisation de l’affectivité. En même temps, elle explique ou éclaire bien des attitudes et choix du pape François, attaché aux élans du cœur mais méfiant envers la raison.
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L’expression « guerre juste » est-elle contradictoire ? Elle s’ancre pourtant dans une longue tradition de pensée. Quand peut-on parler de guerre juste ? Par exemple pour se défendre d’un agresseur. Mais quels critères retenir ? Et comment les mettre en œuvre dans les conflits bien réels qui nous entourent, Ukraine, Gaza ?
La réflexion proposée ici, loin de fournir une justification facile à des conflits, offre des outils pour discerner ce qui est en jeu dans une guerre. Quelle est la fin que se propose celui qui la fait ? Les moyens qu’il met en œuvre sont-ils proportionnés ? Est-il sûr que le résultat sera meilleur ? C’est ce qu’il faut analyser, selon une approche réaliste et de ce fait nuancée.
A paraître le 5 novembre chez Boleine.
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Bien qu’avancé, le pontificat du pape François a encore de quoi surprendre. Mais il est déjà suffisamment rempli pour qu’un essai de rétrospective soit possible.
Il va de soi qu’une partie appréciable de ses interventions s’inscrit dans le cadre de ce qui est attendu d’un pape, et qu’il a touché le cœur de beaucoup de gens. Ce n’est pas là-dessus qu’on insistera ci-après, mais sur ce qui le met à part, notamment dans ses propos.
De façon générale, ce pontificat restera sans doute dans les esprits comme un phénomène spécifique. Outre le tempérament personnel du pape, il ne se réduit ni à un progressisme pur, ni à une singularité latino-américaine.
La prédominance des options politiques et sociales, vues sous un angle très personnel, et l’agacement du pape envers la précision intellectuelle lui donnent une tonalité très particulière.
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On sent depuis longtemps un malaise dans le positionnement de l’Eglise et des chrétiens face aux évolutions et problématiques de nos sociétés, entre prophétisme, compromission et marginalité.
Maladresses mise à part, cela met en évidence une difficulté de fond, qu’il faut savoir reconnaître : la contradiction entre le droit pour chacun de faire ce qu’il veut sous réserve du droit du voisin, qui est au centre de la vision désormais commune, et la conviction qu’il y a un bien et un mal en soi, à comprendre puis prendre en compte autant qu’on le pourra.
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Notre monde est de plus en plus dominé par le numérique, et cela en inquiète beaucoup. Mais ce qui importe d’abord est le fonctionnement des algorithmes, et notamment de l’IA (Intelligence artificielle).
Certains désirent ou craignent l’émergence d’une intelligence qui serait supérieure à l’intelligence humaine. Ce qui repose sur une perspective fausse car le mot intelligence recouvre dans les deux cas des réalités complétement différentes. L’intelligence ne se confond pas avec la capacité à résoudre des problèmes, ce en quoi les machines peuvent dépasser l’homme.
Mais inversement un des dangers de l’IA est là : la réduction de l’intelligence humaine ou, pire, son conditionnement. Un bon exemple en sont les algorithmes de recommandation utilisés par les géants du web, réseaux sociaux ou outils de recherche – particulièrement opaques, orientés vers le seul profit, et culturellement réducteurs.
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Quoi que feront Macron et les autres dans les mois à venir, l’évolution de la situation politique française est particulièrement préoccupante.
Ce blocage est-il conjoncturel, ou le signe d’une décomposition ?
En fait la dérive vient de loin. Un facteur majeur en est l’emprise de l’idéologie dominante, plus que jamais délétère : capable de bloquer, de diviser ou de heurter, mais pas de construire. Le boycott du RN par exemple ne parvient pas à le faire disparaître, mais bloque le fonctionnement des institutions.
Dès lors, plus largement, c’est la synthèse à la base de notre système politique qui paraît se décomposer.
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Faisons un bilan rapide de l’expérience des JO de Paris 2024. Le plus frappant et le plus réjouissant est le remarquable succès sportif des équipes françaises. On peut mentionner aussi l’indéniable réussite technique de l’organisation et du spectacle. Mais quelle en sera la portée réelle pour le pays ?
On dit dans bien des commentaires que cela a montré la possibilité d’une forme renouvelée d’unité nationale, au-delà de la crise politique du pays, toujours présente. Certes, les gens ont bien souvent vibré ensemble. Mais de là à parler d’unité ou de projet commun, il y a un grand pas. Quant à relier cela avec l’idéologie qui a trop souvent imprégné les cérémonies d’ouverture et même de clôture, là on tombe dans l’affabulation.
Sans jouer les rabat-joie, rappelons les limites de l’exercice.
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Faut-il tout comprendre pour adhérer et donner sa confiance ?
C’est clair avec la foi. En fait, régulièrement dans nos vies, nous rencontrons des affirmations ou des enseignements qui ne nous sont pas compréhensibles en l’état, mais qui peuvent et doivent être pour nous des éléments vitaux de progrès. C’est évident dans toute l’éducation.
Et cela met en évidence qu’un facteur majeur du progrès humain, personnel ou collectif, est un élément d’autorité - bien compris.
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La question de ce qui reste et de ce que peut devenir la souveraineté française est plus que jamais pertinente.
En termes de bilan , ce qui est d’emblée évident est un recul massif, ne serait-ce qu’en comparaison avec les années 1960-1970.
Cet effarant recul doit être analysé. Trois facteurs prédominent : le mythe européen fédéral, le complexe irrationnel de la taille du pays, et la dérive de la culture politique.
Pourtant les atouts subsistants sont nombreux.
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Un des enjeux de la guerre russo-ukrainienne est évidemment la question des frontières.
Au lendemain de l’offensive russe en Ukraine, le Conseil européen a fait part de son indignation : « l’usage de la force pour changer les frontières n’a pas sa place au XXIe siècle ». Vraiment ?
En regardant de plus près, on constate alors que si ce principe est souvent utile pour contribuer à assurer la paix, il est loin d’être toujours efficace et pose parfois de redoutables problèmes. Suite…
Une politique familiale est nécessaire, avant toute considération nataliste. Faire et élever des enfants est une tâche majeure, car cela construit l’avenir de la société. Celle-ci ne peut donc qu’y porter une grande attention, en termes de simple justice déjà, et a fortiori au vu des enjeux pour l’avenir.
Cela ne veut pas dire qu’une telle politique suffise pour redresser la natalité, tant s’en faut. Ni que le recul de ces prestations en France soit la cause principale de l’effondrement de notre natalité.
D’autres facteurs sont aussi à l’œuvre : des comportements collectifs hédonistes, une conception fausse de la famille, et des systèmes de valeurs désespérants.
(Article paru dans La Nef)
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La construction européenne en cours vise une union toujours plus étroite. Dès le début était présent le mythe d’une Europe équivalant à un état souverain. Et elle s’y emploie activement, tournant tous les obstacles et notamment l’opposition sourde des peuples. Mais cela reste partiel ; nous sommes donc dans l’entre-deux.
Ce projet peut-il se réaliser ? Comme Etat-nation démocratique, certainement pas. L’Europe ne peut pas l’être, car il n’y a pas de peuple européen et donc de nation européenne.
Mais cela n’exclut pas une autre possibilité : une construction politique nouvelle, plurinationale mais peu ou pas démocratique (sauf de façade). Une forme ‘impériale’ imparfaite. Nous n’y sommes pas encore, mais à la faveur des événements, c’est concevable.
Quel pourrait être le scénario ?
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