L’irruption du tourbillon Trump change profondément le fonctionnement collectif sur la scène internationale. Son caractère imprévisible et son langage brutal en rendent l’analyse difficile pour les partenaires des Etats-Unis. Même si on discerne quelques courants pas toujours cohérents, comme le réalisme géopolitique, ou la tentation néo-mercantile.
Quel sera l’effet à terme ? Sûrement un recul massif de la tendance occidentale à morigéner moralement le reste de la planète, y compris à coups d’interventions militaires. Peut-être un réveil des pays européens de leur rêve commode, à l’abri de l’US Army. Et sans doute un monde de plus en plus évidemment multipolaire, à l’équilibre instable, où les rapports de forces jouent un rôle essentiel.
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Emmanuel Macron a ouvert un débat sur l’utilisation de l’arme nucléaire française comme arme de dissuasion couvrant les autres pays européens, proposition qui a reçu un certain écho.
L’extrême gravité de cette perspective a été peu soulignée. Pour la France, sauf à être une pure déclaration et encore, ce serait un acte mettant gravement en danger la sécurité du pays.
Plus largement, la notion de défense européenne intégrée ne peut être qu’une coordination intensifiée de moyens de défense dont le choix d’emploi reste national : il y a trop d’intérêts français spécifiques, notamment outre-mer, pour qu’une défense européenne vraiment intégrée puisse prendre le relais.
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Il faut savoir terminer une guerre, même juste au départ.
Juste au départ, la guerre défensive menée par les Ukrainiens ne peut être gagnée, et la prolonger n’aboutit qu’à la destruction de ce pays courageux.
Ce n’est pas parce que Trump le dit que c’est automatiquement faux.
Et expliquer que l’Ukraine doit continuer à se battre pour protéger l’Europe, est choquant, erroné et dangereux.
C’est à nous qu’il incombe d’être capable de nous défendre. Avec des alliés, mais d’abord soi-même.
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Depuis son élection, Donald Trump a pris de surprise son pays et la planète par un tourbillon de mesures dans tous les sens, qui a laissé ses adversaires sinon sans voix, en tout cas totalement stupéfaits. Au niveau de la tactique, c’est indéniablement impressionnant. Certains aspects sont a priori bienvenus, d’autres moins, et certains choquent.
Cela explique les appréciations violentes que cela suscite en Europe. Mais cela mérite surtout de prendre un peu de recul.
En outre, on peut s’interroger sur la stratégie à terme et sur les buts ultimes poursuivis : on retrouve ici les limites du populisme.
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Donald Trump a stupéfait le monde des relations internationales en expliquant récemment qu’il souhaitait acquérir le Groenland, ainsi que le canal de Panama. Et qu’il n’excluait pas l’usage de la force à cette fin.
Dans sa logique, c’est largement un discours destiné à faire pression dans une négociation ; cela ne signifie pas automatiquement intention arrêtée de passer à l’acte – encore que.
Mais il est intéressant de le prendre au mot. Dans quelles circonstances cela pourra-t-il avoir un sens ? Et qu’est-ce que cela peut signifier pour l’évolution des relations internationales ?
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Euro : un bilan rapide après 25 ans.
C’est la magie du mythe européen qui a conduit à l’euro - supposé être une réussite européenne majeure. Mais la réalité est différente. La zone euro n’est pas une zone monétaire optimale, elle ne l’est pas plus aujourd’hui. Certains pays y ont gagné, d’autres perdu.
La France est mal gérée depuis 40 ans. Mais c’est grâce à l’euro et à sa magie qu’elle s’est endettée de façon démentielle. Comme la Grèce.
Mais l’ensorcèlement ne s’arrête pas là. Car il est très difficile de sortir de l’euro.
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Encore stupéfaits par la victoire de Trump et l’activisme d’Elon Musk, nos gardiens du temple politiquement correct découvrent le ralliement de Mark Zuckerberg et Meta à la méthode Musk : plus de censure sur les réseaux sociaux sauf cas très spécifiques.
Oui, pour la liberté d’expression.
Mais elle suppose qu’on assume ses responsabilités. Du moins si on ne veut pas naviguer dans des égouts. Ou nourrir une viralité délirante. Ou subir les manipulations opaques des algorithmes.
Donc plus de censure (hors illégalités). Mais plus de pseudonymes. Et transparence des algorithmes.
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J’ai évoqué précédemment la question de l’endettement public de la France. Voyons comment cela s’inscrit dans le jeu des relations géopolitiques, et quel est le risque possible.
L’absence de consensus politique et la cécité collective à l’égard de la dette française ne montrent aucun signe d’amélioration. Cela ne peut donc pas durer indéfiniment, même si on ne sait pas quand la branche cassera.
Cette dette est pour l’essentiel libellée en euros. Mais la France ne contrôle pas sa monnaie, qui est gérée en commun par des pays aux intérêts et situations financières très différents. En cas de crise, la solution ne va donc pas de soi. Et elle impliquerait un grave affaissement, non seulement de la position de la France, mais de l’Europe en général.
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Il y a une vision fausse très répandue, qui dépeint le rôle de la tradition dans les sociétés anciennes, comme un diktat, un impératif arbitraire et étouffant imposé du dehors aux personnes.
Cela peut arriver. Mais généraliser cette description est insuffisant ou faux, tant pour décrire ces sociétés que pour comprendre ce qu’est une tradition. Car une tradition ne se comprend pas sans reconnaître son double rôle, de régulation de la société sur la base de l’expérience acquise, et de constitution même de cette société, par le rapprochement des personnes autour de réalités communes.
L’exemple par les courses camarguaises.
Mais nos sociétés prennent le chemin inverse.
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Comme les Français commencent de le percevoir, la dette française entre dans une zone de turbulence. La France doit chaque année emprunter des sommes sans cesse plus élevées, du fait d’un déficit bien supérieur à la croissance de l’économie. Il tombe sous le sens que ce petit jeu ne peut durer indéfiniment, d’autant qu’il contraste avec l’évolution des autres pays européens.
En Europe, désormais, le maillon faible, c’est la France. Mais elle ne l’a pas encore compris, ni le changement radical que cela implique.
Nous retrouvons ici une forme de « politique d’abord » : sur ce plan comme sur d’autres, la France ne s’en sortira pas sans une mutation politique majeure.
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La dernière encyclique du pape François, Dilexit nos est consacrée à un sujet qui a surpris beaucoup de gens : la dévotion au Sacré Cœur de Jésus. Elle contient à ce titre un message à la fois essentiel et profondément émouvant.
Il paraît cependant suggestif d’évoquer un aspect particulier qui sous-tend ce texte : l’anthropologie. Celle proposée dans Dilexit nos mérite un examen spécifique, notamment du fait qu’elle s’éloigne sur plusieurs points de la conception classique, notamment par sa survalorisation de l’affectivité. En même temps, elle explique ou éclaire bien des attitudes et choix du pape François, attaché aux élans du cœur mais méfiant envers la raison.
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L’expression « guerre juste » est-elle contradictoire ? Elle s’ancre pourtant dans une longue tradition de pensée. Quand peut-on parler de guerre juste ? Par exemple pour se défendre d’un agresseur. Mais quels critères retenir ? Et comment les mettre en œuvre dans les conflits bien réels qui nous entourent, Ukraine, Gaza ?
La réflexion proposée ici, loin de fournir une justification facile à des conflits, offre des outils pour discerner ce qui est en jeu dans une guerre. Quelle est la fin que se propose celui qui la fait ? Les moyens qu’il met en œuvre sont-ils proportionnés ? Est-il sûr que le résultat sera meilleur ? C’est ce qu’il faut analyser, selon une approche réaliste et de ce fait nuancée.
A paraître le 5 novembre chez Boleine.
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Bien qu’avancé, le pontificat du pape François a encore de quoi surprendre. Mais il est déjà suffisamment rempli pour qu’un essai de rétrospective soit possible.
Il va de soi qu’une partie appréciable de ses interventions s’inscrit dans le cadre de ce qui est attendu d’un pape, et qu’il a touché le cœur de beaucoup de gens. Ce n’est pas là-dessus qu’on insistera ci-après, mais sur ce qui le met à part, notamment dans ses propos.
De façon générale, ce pontificat restera sans doute dans les esprits comme un phénomène spécifique. Outre le tempérament personnel du pape, il ne se réduit ni à un progressisme pur, ni à une singularité latino-américaine.
La prédominance des options politiques et sociales, vues sous un angle très personnel, et l’agacement du pape envers la précision intellectuelle lui donnent une tonalité très particulière.
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On sent depuis longtemps un malaise dans le positionnement de l’Eglise et des chrétiens face aux évolutions et problématiques de nos sociétés, entre prophétisme, compromission et marginalité.
Maladresses mise à part, cela met en évidence une difficulté de fond, qu’il faut savoir reconnaître : la contradiction entre le droit pour chacun de faire ce qu’il veut sous réserve du droit du voisin, qui est au centre de la vision désormais commune, et la conviction qu’il y a un bien et un mal en soi, à comprendre puis prendre en compte autant qu’on le pourra.
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